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      En relatant la création de ma première statue puzzle dans cet article : 

     
     

     Je le terminais en écrivant :

     

    Mais...dès ma statue finie, il m'est venu le désir de reprendre l'expérience, de renouveler ce processus long et périlleux, comme une grossesse difficile, et de donner naissance à une seconde statue du même sel. Cette statue a mis 4 ans à mûrir dans mon esprit et à venir au jour. Pour la seconde il en a été de même...mais c'est une autre histoire !  

     Il m’a fallu, en effet, quelques années de réflexion pour mettre à exécution mon projet d’une deuxième statue. 
     
    Je voulais que cette nouvelle statue soit la sœur de la première, une sœur, mais pas un clone. Depuis longtemps j’avais collectionné des images, des photos qui m’inspiraient. Et petit à petit émergeait l’idée de faire un buste couché, cambré, vibrant, dans une pose qui n’évoquerait nullement la détente et le repos. 
     
    La première statue était plutôt « cuir et métal ». Elle avait été patinée avec une cire qui renforçait les teintes rouges, brunes ou roses des terres que j’avais utilisées, et les laçages en étaient de cuir ou de cuivre. C’était une guerrière…
     
    Pour la seconde j’ai voulu plus de douceur, de féminité tendre.
    Je voulais qu’elle évoque la femme et ses blessures, la nature, la vie, et la mort : ce retour à la terre qui est l’aboutissement inéluctable pour tout être vivant.
     
     J’ai commencé par le modelage du buste. Contrairement à la première fois, je n’avais pas l’intention d’utiliser le moule de plâtre que j’ai pourtant conservé. De plus, je n’avais pas de modèle vivant et j’ai travaillé en m’aidant de photos de nus et de mes propres dessins.  Après quelques semaines je ne savais plus bien si j’étais satisfaite ou pas du travail accompli. J’ai soigneusement recouvert ma statue de chiffons humides et de sacs en plastique et je l’ai laissée dormir presque un an, en entretenant soigneusement l’humidité des chiffons pour la conserver bien souple.
     
    Un beau jour, j’ai décidé de m’y remettre et je lui ai fait revoir le jour.
    Mais la pose que j’avais prévue au début donnait un résultat qui ne me satisfaisait plus :
     

    Cette jambe levée était bizarre, et je n’avais pas l’intention de modeler plus de longueur pour les cuisses, la statue mesurant déjà une bonne soixantaine de cm de long. J’ai donc tranché dans le vif et fait les deux jambes jointes. Déjà c’était mieux ! On voit sur la photo qu'à l'intérieur de ma statue j'ai fait un "noyau" de papier journal pour limiter la quantité de terre à utiliser pour une si grosse pièce.
     
    Les formes commençaient à me sembler conformes à mon projet. La statue était cambrée, je pouvais passer la main sous ses reins, comme je l’avais imaginée !
    Lorsque sa forme m’a semblé satisfaisante, j’ai commencé à y faire de profondes incisions pour faire dans la terre rouge des inclusions de terres de couleurs différentes, blanche, rose, noire.
     
    J’ai opéré ces inclusions à différents endroits du corps, j’aime les variations de couleurs et de textures. Ma terre de base est rouge et chamottée. C’est-à-dire qu’il y a été mêlé de la poudre de terre cuite. Cela la rend plus « rustique », plus rugueuse. En incluant la terre rose et la terre blanche qui sont plus « plastiques », plus lisses, j’apportais des plages de douceur dans des endroits choisis du corps.
     
     
    à suivre... 
     
     
     





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      Lorsque j'ai exposé ma statue la première fois, c'était dans une exposition à thème : "Délires et fantaisie". Elle y avait bien sa place et je lui ai adjoint ce petit texte :

     
    Femme-délires
    Femme corsetée, lacée
    Femme puzzle
    Femme marquée, percée, excisée, enchaînée
    Femme en dentelles, en porte-jarretelle
    Femme noire, Femme blanche, Femme rose, Femme brune
    Femme stigmates, femme stigmatisée.

      Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle a suscité des réactions.   Certaines personnes étaient rebutées ou carrément choquées par l'aspect torturé donné par les laçages, elles n'aimaient pas du tout...et le disaient ! Certaines (surtout des femmes, d'ailleurs) ne pouvaient même pas la regarder.   D'autres personnes aimaient énormément, et la façon qu'elles avaient de m'en parler me montrait que mes intentions étaient comprises, et qu'une vraie communication passait entre elles et moi à travers ma statue.   Quoi de mieux pour une artiste ?   http://i38.servimg.com/u/f38/11/18/21/59/buste_13.jpg             Mais...dès ma statue finie, il m'est venu le désir de reprendre l'expérience, de renouveler ce processus long et périlleux, comme une grossesse difficile, et de donner naissance à une seconde statue du même sel.   Cette statue a mis 4 ans à mûrir dans mon esprit et à venir au jour. Pour la seconde il en a été de même...mais c'est une autre histoire !








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    (Suite)
     
    Lorsque la terre a été bien sèche, j'ai procédé à la cuisson à des températures allant de 880° à 960° afin que la terre rouge ait des nuances différentes (plus elle cuit à haute température plus elle est rouge), et parce que la terre noire, si elle cuit à trop basse température, sort d'un vilain marron opaque qui ne me plaît pas du tout.
    Je me suis retrouvée avec une petite vingtaine de morceaux de terre cuite à assembler. Et je vous assure que cela n'a pas été une mince affaire. Les terres ne "bougent" pas toutes de la même façon à la cuisson. Elles se rétractent plus ou moins, les courbes se redressent un peu...ou un peu plus...
     
    J'ai commencé par le bas, évidemment, collant les tessons les uns aux autres au mieux possible. Et au fur et à mesure que je montais, les déformations rendaient la tâche de plus en plus ardue. Il fallait poncer, tricher, placer de petites cales pour remonter une pièce. Il ne fallait pas oublier de placer au fur et à mesure les laçages de cuivre ou de cuir, leur donner soit un aspect de sutures soigneuses de cicatrices, soit une allure de laçage de corset.
     
    J'ai transpiré, je vous assure ! Par moments, excédée par la difficulté, pour éviter de m'énerver, j'arrêtais le montage et le reprenais calmement le lendemain. Jamais je ne me suis découragée. C'était un projet difficile, mais je savais où je voulais arriver, et que j'y arriverais! C'était un défi, un pari avec moi-même.
     
    Et la statue a été montée. J'étais la plus heureuse des artistes !
     
    Voici le côté pile de la statue qui mesure environ 50 cm de hauteur. Demain je vous montrerai le côté face.
     
    http://i38.servimg.com/u/f38/11/18/21/59/buste_12.jpg Terres cuites et engobes
     A suivre...





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        Dans un article du 24 mai dernier, j'expliquais comment j'avais créé un buste en poudre de marbre, à partir du moulage en plâtre d'une statue de terre - que j'avais faite devant modèle vivant.   http://amandedouce.over-blog.net/article-un-buste-1-105751705-comments.html#anchorComment    Et j'expliquais aussi que j'avais pu récupérer ce moule de plâtre. Ce moule me donnait la possibilité de faire d'autres tirages, mais à quoi bon décliner des clones de ma statue ? Une idée me trottait dans la tête : créer une autre pièce qui rendrait compte de la femme qui a vécu. Celle qui n'est plus toute neuve, mais blessée par la vie, et à chaque fois replâtrée, rafistolée par le temps qui adoucit les peines et cicatrise les plaies. Une femme couturée de cicatrices mais toujours belle et femme, et affrontant courageusement les agressions à venir. Reprendre mon thème de la femme-puzzle développé à plat par mes mosaïques de céramique, mais en volume. Et puisque le moule était utilisable, il me servirait de support pour concrétiser cet assemblage. Et je me suis lancée. Par estampage, j'ai "foncé" ce moule (on utilise ce terme en pâtisserie) de morceaux de terre de différentes couleurs : terre rouge, terre rose, terre noire, terre blanche. Et ceci en prenant soin que les morceaux n'adhèrent pas les uns aux autres, en interposant un film plastique entre eux. Je les ai décollés du moule au bout de quelques jours, alors que la terre était encore humide, mais déjà ferme, afin d'éviter de les déformer. Et j'ai travaillé sur ces morceaux : des impressions de dentelles, des applications d'engobes colorées en bleu turquoise, pour donner à la terre un côté féminin, évoquer les lingeries, accentuer l'érotisme. http://i38.servimg.com/u/f38/11/18/21/59/anbust10.jpg Des lignes de trous qui permettraient des laçages reliant deux tessons entre eux.   Lorsqu'ils ont été secs, j'ai poncé les parties douces, les seins, le ventre...L'estampage avait parfois été volontairement grossier afin de donner à certains morceaux un aspect rugueux, brut, de créer un contraste lisse/rugueux.   http://i38.servimg.com/u/f38/11/18/21/59/anbust11.jpg   Chaque morceau a été pensé en le re-situant dans le tout. J'avais mon projet dans la tête, je savais où je voulais aller, mais le tout c'était d'y arriver !   Oui, je sais, je suis un peu tordue, quelquefois...lol.   A suivre....  

      
      
      





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      J'aime beaucoup le modelage. Cette statue a été faite il y a quelques années déjà. C'est une de mes préférées. C'est une terre cuite et le caraco est fait à l'engobe, c'est-à-dire un émail mat à base de terre et d'oxydes colorants. Je l'ai cuite moi-même dans mon petit four. Elle mesure 30 cm de haut.   http://i48.servimg.com/u/f48/11/18/21/59/allds136.jpg    http://i48.servimg.com/u/f48/11/18/21/59/allds137.jpg

    Terre cuite et engobes





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  • J'ai expliqué ici :

    http://amandedouce.over-blog.net/article-r-eve-d-afrique-106631924.html 

    que j'ai participé plusieurs fois à un concours de modelage pendant les journées de la céramique, dans un petit village de ma région.

     

    Après le thème "La première femme" est venu, l'année suivante, "L'homme debout", toujours en référence à la préhistoire.

     

    Jouant avec les mots, j'ai modelé ce personnage, que j'ai appelé 'L'homme de boue", puisque dans la Bible il est dit que Dieu modela l'homme avec de l'argile. Je l'ai représenté sortant de la terre et levant le bras et la tête vers le ciel, évoquant la quête de la spiritualité.

     

     

    Le concours se passait en plein air, et cette année-là un groupe de jeunes délinquants en réinsertion étaient venus avec des éducateurs passer la journée sur le site.

    L'un d'eux s'intéressait beaucoup à ce que je faisais et engagea la conversation. Il commentait, me posait des questions, et finit par me demander comment j'intitulerais ma statue. Mais désirant réserver mon effet, je lui dis simplement :"Devine!".

     

    Au bout d'un moment, un éducateur s'approcha et le garçon lui dit : "Tu vois, elle fait sortir sa statue d'un amas de terre, elle va sûrement l'appeler "L'homme de boue", elle ne veut pas me le dire, mais j'ai deviné !". Il avait tout compris, ce garçon ! Et l'éducateur voyant qu'il ne me dérangeait nullement et que nous conversions amicalement, le laissa en ma compagnie.

     

    C'était un bon moment.

     

     

     

    Terre cuite, légèrement patinée en noir par endroits, et cirée.





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  • C'est une petite statue de environ 40 cm de hauteur que j'ai modelée dans de la terre chamottée pour un concours de modelage organisé par des potiers dans un village très concerné par la céramique, puisqu'il y a été découvert un gisement de poteries préhistoriques d'une grande beauté. J'ai eu d'ailleurs la chance d'admirer ces poteries rarement exposées au public en raison de leur extrême fragilité.

     

    Le thème du concours était : "La première femme".

     

     

    Ce concours s'étalait sur deux jours, puis les oeuvres étaient exposées et un prix décerné. Bien que je n'aie pas eu le prix, je garde un merveilleux souvenir de ces deux jours passés avec plein de gens joyeux et talentueux.

    Ensuite j'ai ramené ma statue chez moi, crue. Pour la faire cuire, j'ai dû la couper en deux à hauteur des cuisses enfoncées dans le socle, mon four étant trop petit pour la contenir entière. Ensuite j'ai collé la dame dans son pot fleuri, et depuis elle trône dans mon atelier !

     

     

     

    Je l'ai baptisée R'Eve d'Afrique. Cette Eve africaine offre non pas une pomme...mais une banane ! Et le serpent s'enroule autour de son corps.

    Je l'ai patinée avec des acryliques et de la patine dorée.

    Je l'aime beaucoup.

     

     

     





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  • J'ai fait un stage de modelage et de moulage. Nous étions une petite dizaine de participants

     

    Le modèle a posé pendant deux jours, ce qui m'a permis de faire un grand buste en terre.

     

    Ce buste a servi de matrice pour faire un grand moule en plâtre, et ensuite j'ai pu faire un "tirage" de ma statue avec de la poudre de marbre mêlée à de la résine. C'était un travail difficile, et assez physique, mais j'étais ravie d'apprendre.

     

    La statue en marbre reconstitué est sortie du moule de plâtre toute rugueuse, avec des balèvres, pas jojo, la petite !

    Il a fallu de longues heures de polissage, ensuite, pour lui donner ce satiné qu'on voit sur la photo.

     

     

     

     

     

    Quand au buste original en terre, j'ai pu le creuser, le cuire, et je l'ai offert à ma fille, ravie !

     

    J'ai pu aussi garder le moule en plâtre et en tirer un autre exemplaire, mais c'est une autre histoire. Alors...à suivre !





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